Contribution de la conférence nationale des ERER : « Tracking – Tracing – Traçage en période de déconfinement ? »

Vous pouvez consulter la contribution dans la rubrique « Liens utiles »

Les ERER ont notamment pour missions d’être « observatoire des pratiques éthiques » sur les enjeux des sciences  de la vie et de la santé. » A ce titre, les ERER produisent des documents et contributions visant à nourrir le débat public. La situation actuelle de Pandémie à CoronaVirus  amène les ERER à écouter et faire remonter de nombreuses questions et interrogations.

Le sujet lié à la sortie du confinement soulève de nombreuses questions éthiques. Plusieurs ERER ont partagé leurs travaux et proposent une réflexion générale sur ce sujet. Ce document de synthèse reprend les questions majeures posées par les solutions proposées jusqu’à maintenant par le politique et ouvre sur des préconisations.

Plusieurs points de vigilance sont mis ici en exergue.

–        Comment éviter une propagation d’un virus. Il n’est pas ici question de refuser de dépister  les clusters épidémiques (comme cela est fait pour la grippe par exemple) mais il n’est pas du tout démontré que le traçage dynamique de populations à risques soit pertinent. Il n’est donc pas éthique de mettre en place une stratégie qui ne soit pas valide scientifiquement.

–         Si tout le monde reconnait que les mesures barrières répondent par contre à la finalité de diminution de la diffusion,  toutes les démarches d’éducation thérapeutique actuelles s’opposent à l’infantilisation des individus et prônent au contraire leur responsabilisation (empowerment).  Vouloir à tout prix surveiller chaque personne à risque va à l’encontre de cette stratégie en infantilisant la population et en empêchant l’intelligence collective.

– si cette situation amène une tension entre le soin individuel et le collectif, il faut rappeler que la santé publique Française s’était dotée d’un outil face au risque épidémique : les maladies infectieuses à déclaration obligatoire. Il s’est appliqué sans que le secret médical en soit affecté. Chaque épidémie/pandémie à ses particularités et nous ne dénions pas que ce système de déclaration obligatoire puisse être adapté aux circonstances. Mais maintenant que des mesures d’urgence ont été prises, il est nécessaire de réfléchir d’un point de vue éthique à leur adaptation afin de ne pas altérer la confiance des Français nécessaire à la vie démocratique.

–       La peur ici mise en exergue pour accroitre la compliance des citoyens est une aide potentielle immédiate mais n’est pas une stratégie pour consolider la solidarité entre citoyens. L’histoire nous rappelle comme aujourd’hui les applications sur smartphone que la délation est rapidement une manière pour chacun de vaincre ses peurs en faisant d’autrui un bouc émissaire. Nous osons dire qu’aucun politique ne peut baser sa stratégie sur des peurs qui seront difficiles à canaliser quand l’humain se sentira dépassé.

– Enfin personne ne peut considérer qu’une crise sanitaire puisse être équivalente à une guerre et que la crise sanitaire soit à cerner par du sécuritaire.

Nous appelons donc le politique à une grande vigilance afin de poser des gestes politiques qui redonnent confiance  à soi, dans les autres et dans le système de protection sociale.